Sur la place de la République, à Lille, une marche blanche s’élance pour la petite Fanta, décédée à l’âge de trois mois d’une intoxication au monoxyde de carbone. Sa mère, d’origine ivoirienne, qui bénéficie du statut de réfugié, s’était vu couper les aides sociales : elle avait demandé le renouvellement de sa carte de résidence auprès de la préfecture mais celui-ci tardait à se faire, malgré de nombreuses relances en ligne, « dématérialisation » oblige. N’ayant plus accès à l’électricité, elle avait fait brûler du charbon pour essayer de réchauffer son appartement. Elle recevra sa nouvelle carte de résidence quelques semaines après le décès de Fanta.

Au même moment, en ce glacial samedi 3 février, d’autres réfugiés se retrouvent pour un goûter avec les bénévoles de Marcq Terre d’Accueil (MTA), qui les ont accueillis et aidés lors de leur arrivée en France et qui les suivent toujours, parfois quelques années après.

Des enfants courent, dessinent, rient. Un réfugié explique : « La dématérialisation, ça a commencé pendant le Covid. Moi, je suis arrivé en 2016, via Calais. J’ai appris le français et passé un DUT de logistique. Mais écrire le français, c’est une autre histoire. Une bénévole a corrigé le mémoire de 60 pages que je devais rédiger. Encore aujourd’hui, j’ai besoin d’aide quand il s’agit de contacter l’administration. Je pense que j’en aurai besoin longtemps encore ».

Un autre venait tout juste d’arriver d’Italie. Bénéficiant du statut de réfugié en Italie, il lui a fallu deux ans de démarches pour qu’il puisse rejoindre sa femme et ses enfants en France, où ils bénéficient également du statut de réfugié.

Le président de MTA invite les réfugiés à raconter comment ils ont connu l’association. Ils viennent de Syrie, d’Ethiopie, de Somalie, du Yémen, du Burundi… Certains parents délèguent le déroulé du récit à l’aîné de leurs enfants. Un jeune syrien explique qu’il a entamé des études de médecine et que sa sœur est également dans les études supérieures.

Parmi les bénévoles, un gendarme à la retraite, très investi dans différentes associations et qui a entamé des études de théologie.

A quelques kilomètres de distance, au même moment, la tristesse et la joie.

Un point commun : des personnes bénéficiant du statut de réfugié. Mais l’obtention du statut de réfugié ne signifie pas la fin du labyrinthe administratif, qui parfois prend des allures de cauchemar. Encore plus depuis que les démarches ne peuvent plus se faire qu’en ligne, ce qui suppose d’avoir un ordinateur, une connexion Internet et de savoir écrire le français : trois conditions impossibles à réunir sans l’aide de bénévoles…

C’est pourquoi la solidarité ne s’arrête pas à l’obtention du statut. C’est pourquoi Marcq Terre d’Accueil existe !

Francis WHYTE

D’autres réactions à cette rencontre :

Merci de nous avoir invités.

Nous avons beaucoup apprécié l’après-midi passée en compagnie des amis et amies migrants rassemblés par les bénévoles de l’association MTA. La joie de celles et ceux qui se sont exprimés faisait plaisir à voir. Nous étions là, il nous revient alors de vous dire merci pour le travail entrepris.  Bravo pour ce que vous avez réussi à faire en quelques années, malgré les freins, les difficultés rencontrées, les oppositions peut-être. Nous tirons notre chapeau…!!!

Amitiés

Odile et Patrick

Tout est là…

Pour deux raisons j’ai été heureux de participer à la réunion du 3 février.

D’abord ces ‘gens venus d’ailleurs’ m’ont rappelé l’histoire de ma famille de migrants (tant immigrés qu’émigrés).

Et puis, bénévole parmi les bénévoles, j’ai surtout pensé à ce qui nous anime: la FRATERNITÉ. Là où nous sommes et selon nos possibilités nous avons à prendre notre part à ce combat, plus que jamais nécessaire dans ce monde instable, pour faire vivre ou renaître là où elle n’est plus, la FRATERNITÉ. Il n’y a pas deux sortes d’humains ; tous méritent notre attention.

Agnostique, et après Aimé Césaire, je pense que ma « religion » c’est la FRATERNITÉ. Et cette FRATERNITÉ républicaine serait-elle différente de celle qui imprègne les religions (chrétienne, musulmane, juive…) ? Lors d’une rencontre, au sein de la synagogue de Lille, j’ai lu, inscrite sur un mur face à l’entrée cette injonction, connue aussi des autres religions : « Aime ton prochain comme toi-même ». Tout est là.

Amitiés

Christian

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Des larmes aux rires