Cela fait quelques années maintenant que nous accompagnons notre amie de Somalie. Femme seule avec deux tout-petits, elle n’a guère eu la possibilité de profiter des formations en français et vers l’emploi auxquelles elle avait droit… ses problèmes de santé récurrents ne l’ont pas aidé non plus … l’insertion n’a pas été pour elle une tâche aisée, on s’est beaucoup rencontrés tout au long de cette période.

Une étape essentielle a été franchie en fin de l’année passée avec enfin son accès à un logement social. C’est en fête que notre équipe MTA l’a accompagnée pour son déménagement à la Chapelle d’Armentières.

La voilà chez elle ! Mais loin du réseau cosmopolite qu’elle s’était tissée à Roubaix-Tourcoing autour de son logement d’urgence. Changement de domicile, d’environnement, mais aussi fin de l’accompagnement social d’insertion, tout cela en plein été où tout, on le sait, est en suspens… Loyer, EDF, inscriptions des enfants à l’école, à la cantine… il y a eu pas mal d’accrocs pour lesquels MTA aura été bien utile.

Ça roule. Mais attention, fin mars son titre de séjour arrive à expiration, la demande de son renouvellement doit être faite deux mois à l’avance ; On a bien failli ne pas voir venir l’échéance. Démarches donc, en ligne comme l’impose la loi, plusieurs soirées en urgence sur ordinateur, fin janvier, c’est fait… Elle reçoit une attestation favorable pour 10  années de séjour de la part du ministère (la dernière, la prochaine fois, selon la nouvelle loi – art. 21 – il lui faudra avoir un niveau quasi universitaire en français parlé et écrit pour une éventuelle prolongation !). Ce courrier lui annonce que son titre de séjour est en préparation et « qu’elle sera prochainement informée de sa réception en préfecture pour le retirer ; moyennement 225 euros »… Pour l’instant on souffle.

Juillet. Six mois plus tard, toujours pas de nouvelles de la préfecture. L’ancienne carte est arrivée à expiration. Pôle-emploi/France-travail menace de suspendre les allocations. Désemparée notre amie prend rendez-vous avec sa nouvelle travailleuse sociale, rendez-vous reporté plusieurs fois et finalement sine-die par suite de congé maladie. ..

Notre amie nous demande de l’accompagner à Pôle-emploi. Nous y sommes au petit matin du lundi 29 juillet. Un membre du personnel, genre petit cadre bien mis, nous affirme que le courrier de la préfecture n’autorise pas madame à travailler, ni donc à réactiver son inscription. Il lui faut sa carte… Désastre… Incompréhension,… nous décidons de nous rendre le lendemain matin à la préfecture. Nous y sommes.

C’est bien connu, la préfecture ne reçoit plus que sur rendez-vous. Les deux plantons de service au portail l’expliquent aux arrivants qui repartent chez eux les mains vides. Ils consentent cependant à nous écouter et consultent nos documents : « la lettre de madame lui permet parfaitement de travailler et de s’inscrire à Pôle-emploi en attente de son titre de séjour. Les gens de Pôle-emploi que vous avez rencontrés ont dû ‘faire du zèle’. Demandez l’aide d’une association d’aide juridique aux migrants ».

Justement MTA est en train de négocier la possibilité d’un partenariat avec Aïda. C’est tout près, il est 9 heures, on s’y précipite. Copie des textes

AIDA – LILLE (Association Insertion des Demandeurs d’Asile)

officiels, lettre patentée à Pôle-emploi, nous voilà équipés. En route pour Pôle-emploi où nous rencontrons deux autres employées. L’une d’elles accompagne notre amie sur l’ordinateur, série de clics … c’est fait la voilà réinscrite, elle aura prochainement un rendez-vous avec sa nouvelle conseillère.

Disons-le tout net : Il n’y a pas que Pôle-emploi qui fasse du zèle, pas de doute : On sait se bouger aussi à MTA quand il le faut !

Y a pas que Pôle-emploi qui fait du zèle !