… C’est un peu ce qui se passe dans ma relation avec 3 anciennes « élèves » de « Culture et Partage » à Marcq-en-Barœul : elles venaient aux séances d’apprentissage du Français.
Bien vite nos relations sont devenues plus personnelles et ont largement débordé les deux heures par semaines d’enseignement du français auxquelles je m’étais engagée : découverte des familles, scolarisation, démarches administratives, accompagnement aux rendez-vous des médecins spécialisés, accompagnement en milieu hospitalier … Avec, bientôt, à expiration des périodes de logements d’urgence, l’annonce de déménagements qui appelaient à quitter la commune de Marcq et risquaient de nous séparer.
C’est alors qu’avec l’accord des familles nous avons rejoint le réseau de Marcq Terre d’Accueil. Un réseau d’accompagnement de proximité bénévole, souple, en équipe et en lien avec des associations professionnelles d’insertion de réfugiés et migrants… Je connaissais déjà certains de ses membres, eux-aussi engagés à Culture et Partage. Je n’étais plus seule. L’accompagnement se multipliait, se diversifiait, s’élargissait dans l’espace et dans le temps…
J’ai regagné mon Vaucluse natal en janvier 2021 mais je reste en contact plus ou moins régulier avec elles via un appel WhatsApp en vidéo. Dans l’ensemble leurs vies se déroulent au rythme « classique » de celle d’une famille active. Car les trois familles sont bien actives. Ma plus ancienne élève est arrivée en France il y a environ 15 ans, les deux autres il y a bientôt une dizaine d’années. Les enfants scolarisés ont fait et poursuivent un parcours vraiment honorable, inscrits au lycée Montebello, (lycée public à vocation d’enseignement des langues et cultures internationales) puis préparant un Master à l’Université de Villeneuve d’Asq, ou un DUT. Une fille d’élève se présentera à l’examen du permis de conduire dans quelque temps. Les parents sont embauchés en CDI. Une famille a récemment acheté son logement.
Des échanges de nouvelles qui me remplissent de joie, quelquefois d’inquiétude, et qui m’émeuvent souvent. On continue, les cœurs proches dans notre jardin personnel et peut être dans le futur, qui sait, en présentiel, réellement ‘proche des yeux’ ?
Monique Brés