Nous l’avions décidé en Conseil d’administration de décembre dernier : nous organiserions une visite de nouvel an chez chacune des douze familles ou personnes seules (au nombre de deux) que nous suivons. Et comme on ne va pas chez les gens sans leur accord, ni les mains vides, on confectionnerait un « panier » qu’on leur remettrait pour l’occasion.

Cette visite serait faite par le correspondant habituel de la famille (le « référent ») accompagné d’une autre personne, membre du conseil d’administration ou sympathisant désirant s’impliquer davantage. L’idée était aussi de marquer un « partenariat » ou un accompagnement dans une démarche qui reste dynamique, et qui constitue une action dans une suite avec au bout du compte une perspective d’insertion, la plus harmonieuse possible.

Quel « panier » pour cela ? Ce fut simple : une base de fruits secs et un petit ouvrage de présentation culturelle et ludique de la région, un petit cadeau pour les enfants. Souvent, la réception était d’ailleurs préparée et généreuse, à l’image de l’hospitalité qu’offrent ces familles migrantes et réfugiées.

Cela a permis de prendre une meilleure mesure de nos interventions : actuellement dix familles et deux hommes seuls, et vingt-trois enfants ou jeunes adultes dans ces familles. Depuis notre création, nous arrivons à presque une vingtaine d’interventions, dont certaines se sont achevées (fin du besoin, départ de la famille, autre raison), mais pour lesquelles il y a encore des contacts et des signes d’amitié.

Parmi ces familles, des besoins évidemment très divers et des complexités se surajoutant aux difficultés ordinaires : plusieurs femmes seules avec enfants, ou en cours de séparation ; l’inadéquation des logements de fortune, l’insuffisante maîtrise de la langue … ce sont parfois, et pour des choses qui nous paraissent simples, des obstacles insurmontables que seule une intervention personnalisée permet de lever.

Et puis, il y a sous-jacent le traumatisme de l’exil : tel réfugié d’Alep, en Syrie, nous a montré les destructions qu’avait provoquées la guerre dans son pays, énuméré sobrement les morts de sa famille. Le séisme de ce début février donne une résonance encore plus tragique à cette évocation. Ce n’est pas un cas isolé.

Notre action se doit donc d’avoir une double face : la réponse aux besoins matériels quand nous pouvons y pourvoir, et la dimension amicale et amène de ces rencontres en réponse à un autre besoin par rapport auquel nous avons aussi beaucoup à recevoir.

Les « paniers » de la nouvelle année