La guerre civile a fait du Soudan un enfer pour ses habitants, qui n’ont plus désormais que l’exil comme moyen de survie. Voici un exemple des derniers mètres du voyage …

Un matin, une de nos familles me demande si je peux aider une famille soudanaise (un couple avec 3 jeunes enfants dont un bébé de 6 mois), arrivée il y a quelques jours à Lille et qui « campe » depuis quelques jours sur le trottoir, à quelques mètres de la gare. Cette famille a déjà initié sa demande de séjour, et dans l’immédiat, la priorité est de la reconduire au SPADA (Service d’Accueil des Demandeurs d’Asile) pour y remettre son document « histoire de la famille » nécessaire pour compléter leur demande de séjour. Il faut donc y emmener un membre de la famille ; j’accepte de m’en occuper.

Un jeune homme, K., s’est déjà arrêté pour les soutenir et prend le rôle d’interprète. Pendant que je conduis la maman au SPADA, il restera auprès du reste de la famille.

Au centre d’accueil du SPADA, nous sommes reçus par de bienveillants travailleurs sociaux qui valident « l’histoire de la famille » que la maman remet. Nous rappelons le besoin urgent d’un abri. Le SPADA nous renvoie provisoirement au 115. (Grosse déception de la maman). J’en profite aussi pour faire connaître Marcq Terre d’Accueil (MTA) !

Je reconduis la maman. A peine arrivés, le papa reçoit déjà un appel du SPADA qui a validé la demande de séjour et qui, au vu de la situation (et en particulier du jeune âge du 3ème enfant) lui propose déjà un logement à X… dans le Pas-de-Calais, disponible dans 24h. Nous en discutons, laissons la famille en parler avec d’autres Soudanais. Après quelques hésitations, la maman, épuisée, emporte la décision d’accepter ce logement.

A la mairie de Lille

Il faut maintenant retourner au SPADA pour signer le contrat de location. J’y conduis la maman ; le papa garde les enfants, K. reste auprès d’eux. Nous sommes reçus au SPADA par un autre travailleur social, très bienveillant lui aussi, et qui d’ailleurs prend ma carte de bénévole MTA … Le contrat de location est signé, et, pour la nuit prochaine, le SPADA réserve une nuit d’hôtel et nous adresse à la mairie de Lille pour en retirer l’argent du paiement. Rien n’est prévu pour le déménagement, K. et moi acceptons de nous en charger.

Retour au « campement ». Entre-temps, K. a chargé presque tous les modestes biens de la famille dans sa grande voiture. Nous partons tous à la Mairie. Le trésorier nous y remet en espèces la valeur de la nuit d’hôtel.

K. avec cette famille enfin à l’abri des guerres civiles

Puis, toujours avec 2 voitures, transfert à l’hôtel, situé à Ronchin. K. et moi installons bien sûr la famille. Joie d’avoir trouvé un abri. Pour cette nuit, K. gardera le gros des affaires de la famille dans sa voiture.

Le lendemain matin, toujours avec deux voitures, nous partons vers X… Nous y retrouvons un travailleur d’une association de Berck qui prend en charge la famille et la conduit au logement (je fais une nouvelle publicité pour MTA !) Logement en état médiocre, mais assez bien équipé et déjà plein de jouets pour enfant. A peine arrivés, un voisin nous apporte des jouets et des vêtements pour enfants. Débarquement des affaires de la famille. Nous promettons de revenir les voir. Je dois rentrer, le généreux K. restera encore aider au ménage !

Thierry

Les derniers mètres du voyage