Penser global, agir local… en somme, tenir les deux bouts !

Depuis l’an 2000, les lois en matière d’asile et d’immigration sont d’abord adoptées au niveau européen. Et depuis 2011, un cadre européen existe pour favoriser l’accueil et l’insertion des Roms dans les Etats membres de l’Union européenne (UE). Tout cela, je l’ai vu de près, de par mon travail pendant plus de trois décennies à Bruxelles.

J’ai découvert l’art d’adopter des lois à 27 pays dans des domaines où personne n’avait imaginé que ces pays partageraient un jour leur souveraineté : ceux de la Justice et de l’Intérieur, régaliens par excellence.

De 1997 à début 2020, j’ai fait quotidiennement la navette entre Bruxelles et Lille (Marcq-en-Barœul pour être précis). Durant toutes ces années, j’ai d’abord vu un grand hangar, datant de la construction du tunnel sous la Manche, utilisé à Sangatte pour héberger les réfugiés voulant aller en Grande-Bretagne. Puis j’ai vu un camp de réfugiés, premier du genre en France, ouvrir à Grande-Synthe et un immense bidonville se créer aux portes de Calais.

En 2016, pendant mes congés, j’ai travaillé durant deux semaines dans ces lieux en tant que bénévole : ramasser les ordures, trier les vêtements, distribuer des surplus alimentaires, conduire une navette entre le camp de réfugiés et un centre commercial, donner des cours de français…

Depuis le 1er mars 2020, je suis à la retraite. L’actualité européenne dans laquelle je baignais depuis 1988 ne me parvient plus que par bribes : en matière de communication, l’UE est un angle mort tant les médias sont encore cantonnés à la scène nationale.

Par contre, je peux rencontrer plus facilement les personnes qui font l’objet de toutes ces lois et de ce cadre européen – les réfugiés et les Roms – ainsi que les acteurs politiques et associatifs qui se soucient d’eux. Je peux ainsi me rendre compte de l’impact des initiatives européennes sur le terrain.

Du global au local, en quelque sorte. Et ces mots de Jean Jaurès me viennent à l’esprit : « le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». Grand politique, Jaurès était aussi un grand philosophe et même un grand mystique : il tenait les deux bouts.

Francis Whyte

Après des années d’engagement bénévole comme au sein des instances européennes, F.Whyte, la retraite venue,  s’apprête à nous rejoindre « sur le terrain ».

 

De Bruxelles à Lille, de l’idéal au réel