J’ai eu envie de faire du léger cette fois-ci pour Marcq Terre d’Accueil. Il s’agit bien-sûr de notre ami du Nigéria. On dirait que ça y est, pour lui une étape est franchie. Finies les attentes interminables de réponses pour ses droits de séjour, fini le vide administratif, finis les projets de formation et d’emploi avortés qui en découlaient, ça y est, c’est fait : carte de séjour en main, formation pré-professionnelle achevée et, pour la première fois, un travail : CDI d’Insertion, protection des enfants aux entrées et sorties scolaires, entretien de la voirie dans la commune voisine…
Désormais au petit matin c’est la course dans l’appartement : les deux filles, 8 et 10 ans, vers l’école, la maman avec la petite de 3 ans et le petit dernier de 8 mois en route pour la crèche où elle travaille … et lui sur son vélo.
Car il vient d’acheter un vélo d’occasion pour se rendre au travail ; vélo que, par mauvais temps, il laisse à l’arrêt du tram pour terminer son trajet en tramway et à pied…
Et ce mardi, à 17h15, coup de téléphone. Il est là, arrêt Clémenceau, le vélo a disparu. Sa femme, lui a téléphoné : la police a retrouvé son vélo et attrapé les voleurs ; Comment, si vite ? Il n’y comprend rien, moi non plus, mais le vélo est là au commissariat de La Madeleine, « est-ce que je peux l’y accompagner en voiture pour le récupérer ? ».
Bien entendu … Il porte son uniforme de travail, combinaison jaune fluorescente de la tête aux pieds, impressionnant ! Où est le commissariat de La Madeleine ? Le GPS nous trouve l’adresse et nous voici, à travers le trafic des fins de journées de labeur, au fin fond de ce qui est devenu pour moi, ancien madeleinois, la ‘’Nouvelle Madeleine’’.
La nuit tombe, il pleut. « Mais non, messieurs, ici c’est la police nationale il faut vous adresser à la police municipale ». Où ça ? : « près de la Poste »…
Nous voilà repartis : trafic, déviations, place pour se garer… il fait nuit, c’est là :maison en coin de rue sans guère d’indication, volets baissés. Une affichette nous informe : Police Municipale, ouvert du lundi au vendredi, de 8h15 à 17 heures. C’est raté, il ne peut s’absenter de son travail, il faudra attendre mercredi prochain lorsque lui et sa femme auront un après-midi libre.
On passe par chez moi. Je tire ma vieille bécane de la cabane du jardin : « je ne m’en sers pas souvent, mais je suis parfois content de l’avoir, ça va quand même plus vite qu’à pied. Tâche de me la ramener quand tu auras récupérer le tienne ! ». Je m’assure qu’il y a un câble antivol sur le vélo.
Mercredi suivant récupération de son vélo. Il me ramène ma bécane le lendemain soir. C’est parfait, tout est bien qui finit bien.
Vraiment ? Trop simple : vendredi soir 17h15 à nouveau coup de fil. Il est à l’arrêt Clémenceau ; On a de nouveau essayé de briser son antivol, sans succès, mais celui-ci est désormais inutilisable et il est incapable de l’ouvrir pour détacher le vélo.
Marcq Terre d’Accueil, on le sait, est un réseau solidaire plein de ressources. Gérard qui en fait partie a tout de suite compris. Et nous voilà, à trois avec notre ami à l’arrêt du tramway, cisaille et scie à métaux en main (pourvu que les caméras qui ont permis d’identifier les voleurs précédents ne fonctionnent pas la nuit !). Le vélo est dégagé, occasion d’une franche rigolade complice, chacun rentre chez soi…
Un petit coup de main tout ordinaire ? Je sais, tout cela aurait pu tout aussi bien arriver pour dépanner mon voisin de palier… mais justement, si j’ai bien compris, un accompagnement de voisinage, bien sûr, c’est ça MTA !