Je l’ai rencontré pour la première fois fin mai 2022. Réfugié du Nigéria en Italie il rejoignait sa femme, une compatriote mère de deux enfants, réfugiée chez nous, qu’il venait d’épouser en mairie de Marcq-en-Baroeul.
Plus de deux ans déjà ! Il avait rejoint ‘’Marcq Terre d’Accueil’’. Ensemble nous avons parcouru les dédales administratifs qui lui permettraient d’exister … cherché à forcer les portes closes des procédures informatiques sécurisées par autant d’identifiants et mots de passe mystérieux … attendu des heures durant une présence humaine en bout de ligne téléphonique sensée nous secourir… consulté les associations spécialisées dans les procédures d’accès aux droits de ‘protection subsidiaire’ de notre pays…
Son cas était simple pourtant : réunification familiale. Une formule sage, utile pour tous, efficace pour l’insertion, inscrite depuis longtemps dans nos lois… alors ces attentes, ce vide, pourquoi ?
Ce n’est qu’en février 2024 qu’il a pu enfin obtenir un droit de séjour lui permettant de demeurer légalement auprès de sa famille et d’envisager l’accès à l’emploi. Un permis de 6 mois. Six mois pour s’inscrire à la sécurité sociale, à la CAF, France Travail et tout le reste, six mois surtout pour trouver à s’engager vers l’emploi. Je l’ai accompagné à deux ‘forum pour l’emploi’ ; le dernier organisé par l’agence de France Travail de Lille. A la veille des compétitions locales des Jeux Olympiques on avait l’espoir que sa pratique de l’anglais lui donnerait une chance supplémentaire. En vain, pas d’emploi disponible sans un minimum de connaissance du français, mais pas de formation linguistique sans droits de séjour…
Juillet, nous trouvons la possibilité d’une formation pré-professionnelle comportant des cours de français à l’association agréée FCP où d’autres membres de MTA l’avaient déjà précédé. Enfin un point d’ancrage. Hélas, juillet, on s’en souvient, marquait la date d’expiration des 6 mois de sa carte de séjour ! Les démarches avaient été faites en temps et en heure pour demander sa prolongation… pas de réponse…
FCP a pourtant accepté de l’inscrire dans l’espoir que tout serait en règle pour la rentrée des cours en octobre, elle a même envoyé un rappel d’urgence à la préfecture. Rentrée de cours en octobre, rien. Le vide…
Il ne recevra son « récépissé » qu’à la fin du mois. FCP acceptera qu’il rejoigne la formation en cours en novembre.
Mais attention, un récépissé, c’est pour 3 mois, un simple document d’attente. Alors, dans trois mois, se retrouver à nouveau sans droits, inutile, ignoré, inexistant ? et, encore et encore, dans le Vide ?