‘’Allo !’’, sa voix a littéralement explosé dans l’habitacle de la voiture (ce sont des choses qui arrivent depuis que ma femme possède un de ces Iphones qui se connectent automatiquement aux haut-parleurs !) ‘’Allo ! Oui ! Bonjour ! J’entends pas !’’… derrière, un enfant tousse, pleure, suffoque… C’est notre amie de Somalie, elle ne trouve pas ses mots… ‘’Je ne comprends pas ! … Oui, c’est le petitOui il est malade’’… A-t-elle appelé le 15 ? l’hôpital ? le docteur ? Elle est perdue. On est en route, au petit matin, pas très loin de chez elle, bon, c’est plus simple, on y va voir…

On est chez elle : une soupente au deuxième étage, un logement d’urgence trop étroit où elle habite avec sa fille de quatre ans et le petit de deux ans. C’est lui qui est malade. Elle est en plein désarroi. On cherche le nom du médecin traitant, son numéro de téléphone :  il ne pourra la recevoir qu’à 17 heures… Une seule solution : l’hôpital, les urgences… Oui mais il y a la grande sœur, dans ces circonstances elle n’a pas pu aller à l’école, on ne peut la laisser seule, qui pourra s’en occuper ? Qui ? ‘’Mais ma voisine’’, nous répond notre amie, ‘’la dame d’en bas’’ !

On descend tous ensemble, précautionneusement : deux étages d’escaliers raides comme des échelles. On frappe à la porte du rez-de-chaussée. C’est la voisine, toute menue : ‘’mais oui, bien sûr, je vais m’en occuper de la petite, on se connait’’. On la prévient : ‘’Vous savez, ça peut durer longtemps !‘’. ‘’Ce n’est rien, je suis une grand-mère, tout ira bien, ne vous en faites pas’’…

En route pour l’hôpital. La maman et le petit y sont immédiatement admis aux urgences. Elle y restera jusqu’à 12h30 pour laisser l’enfant en observation et revenir chez elle avec nous. (Ce ne sera que le lendemain, en fin de matinée que, soulagée, elle pourra enfin venir le rechercher et le ramener à la maison…)

‘’Mais non, ça n’a pas été trop long !’’, nous a dit la voisine, lorsque, à midi bien sonné, nous sommes revenus avec la maman récupérer la grande sœur. ‘’On s’est très bien entendues… elle a joué avec les jouets de mes petits-enfants… je viens de lui donner à manger…tout va bien, et comment va le petit ?’’

Depuis, je n’ai pu m’empêcher de penser à cette grand-mère : ‘’l’accueil, l’accompagnement de proximité’’, tout ce à quoi nous nous sommes engagés, que nous cherchons à promouvoir, mais oui, finalement, cette grand-mère du rez-de-chaussée, c’est ça MTA !

La grand-mère du rez-de-chaussée