Elle est paradoxale, l’assertion de Sophie DJIGO : « la crise migratoire n’existe pas »,

Elle est paradoxale tant on nous convainc du contraire, tant on étaie le raisonnement de chiffres et d’images, de théories,

Elle est paradoxale, mais elle est assise sur une justesse des chiffres des flux et des proportions : qui dira le contraire ? Qui soutiendra que l’Europe n’est pas en dépression démographique, et que les flux actuels ne compensent pas cet état de fait ?

Elle est froide et cruelle la description de la réalité : une politique sélective qui ne s’attaque pas aux passeurs, mais aux exilés chassés sans cesse de points de repos ; une politique illégale qui encourage les lacérations de tentes, les vols d’effets personnels, les interdictions de porter assistance à des gens en détresse,

Elle est froide et cruelle la situation de Calais, seul des lieux de rassemblement de « migrants » dans le monde (pourtant nombreux), que l’on qualifie de « jungle », seul vrai point chaud d’une frontière anglaise déportée sur le continent,

Calais, 2015

Elle est froide et cruelle la politique insidieuse qui sonne le clairon sur la misère et met sous le boisseau l’accueil,

Il est froid et cruel, le constat pour qui veut réellement ouvrir les yeux. Voir comme des prêtres en col romain soutiennent les grèves de la faim auxquelles pousse l’insoutenable.

Il peut paraître modeste, l’impact apparent de l’action de Sophie DJIGO. Elle a créé « Migraction59 « : à peine quelques dizaines de refuges offerts par des particuliers, quand la même action en Belgique  fait dix fois mieux. Mais les belges ne se réfugient pas derrière ce que ne fait pas l’État, ni les autres pouvoirs publics. Heureusement, ce collectif n’est pas le seul à agir.

Sophie DJIGO est professeur de philosophie, spécialiste de la « philosophe analytique ». Elle était l’invitée « littéraire » (avec Christine de Mazières) des frères dominicains dans le cadre d’une réflexion autour de Didon et Énée, de PURCELL. Un vieil oncle qui lisait le Figaro s’en excusait en montrant le Canard enchaîné : « c’est mon contre-poison ». Les propos de Sophie DJIGO avaient un goût de contre-poison.

NB : Plusieurs des familles que nous accompagnons à MTA sont passées par « La Jungle » et ont pu heureusement découvrir un autre aspect de notre pays !

 

Échos modernes de la migration d’Enée au couvent des dominicains, lundi 15 novembre