Il se trouve que j’habite le même immeuble que la famille soudanaise d’Abdallah et Samia ainsi que leurs 2 enfants : Tasabi et Mohamed. Avant le confinement, j’aidais Samia à progresser en français à l’aide d’un livre trouvé au Furet rayon Français langues étrangères : «Bonjour et Bienvenue» pour personnes arabisantes. Pour Samia, c’est un vrai plaisir d’apprendre avec ce livre, pour moi un peu moins, il m’a fallu me familiariser avec les séquences sur ordinateur et je ne suis pas une pro de l’informatique. Maintenant que nous sommes rôdées, cela nous vaut quelques bons fous-rires !
Seulement, le 16 mars dernier, tout s’est arrêté, ce qui ne nous empêche pas de rester en lien : de temps en temps Samia m’appelle : «Bonjour Edith, ça va ? » à d’autres moments c’est moi qui m’inquiète de la vie de cette famille confinée, pas simple tous les jours, j’imagine. Ayant la chance d’avoir une imprimante, quand ils ont besoin d’une autorisation de sortie dérogatoire, Abdallah m’appelle et vient jusqu’à mon entrée en chercher. Je lui avais expliqué que Samia, en remplissant ce papier pouvait se rendre avec les enfants jusqu’au petit jardin public qui se trouve à 5 mn à pied de chez-nous pour qu’ils prennent l’air et se défoulent, mais à ma connaissance, elle n’a jamais osé sortir : « C’est Abdallah qui fait les courses, » me répond-elle». Peut-être est-ce la crainte d’un contrôle ? Pas simple, quand il est difficile de s’exprimer en français, et puis qui sait ce qu’ils ont vécu dans le passé ?
Lille le 19 avril 2020, Edith Cokelaer